Ce mercredi,
constate Le Monde Afrique, les quelque « 26,7 millions d’électeurs
sud-africains inscrits doivent se rendre aux urnes pour les sixièmes élections
générales depuis l’avènement de la démocratie en 1994. (…) Mais plus de neuf
millions de Sud-africains en âge de voter – dont beaucoup de jeunes – n’ont
tout simplement pas jugé bon d’inscrire leur nom sur les listes électorales. En
soi, il s’agit déjà d’un désamour. Il menace de tourner au désaveu. »
En effet, poursuit Le Monde
Afrique, « deux types de problèmes assombrissent l’avenir : les
fondamentaux de l’économie, y compris le coût social pour maintenir à un niveau
de survie une nation devenue un modèle d’inégalité – alors que ses fondements
politiques étaient ceux de l’égalité –, n’offrent aucune marge de manœuvre.
L’argent manque pour financer un plan de relance capable de changer le pays.
(…) L’ANC a instauré un système de ponction d’Etat qui s’est aggravé au cours
de la décennie écoulée, menant à des points de rupture. (…) De plus, constate
encore Le Monde Afrique, en un quart de siècle, l’ANC a, au fond,
présidé à l’enracinement d’un système d’inégalités raciales. Et cela ne sera
pas tenable éternellement. »
Bonne santé démocratique
Malgré tout, le quotidien sud-africain Business Day veut croire en la bonne vitalité démocratique du
pays : « l’économie sud-africaine est mal en point, mais les campagnes
politiques de ces derniers mois montrent que notre corps politique est en vie.
Au cours du week-end dernier, les trois plus grands partis ont tenu des
meetings rassemblant des dizaines de milliers de sympathisants enthousiastes,
profondément tolérants et disciplinés. Ces rassemblements témoignent de la vigueur
de la démocratie en Afrique du Sud. »
Certes, poursuit Business Day,
« nous avons un grand parti dominant qui a gouverné pendant les 25 ans
qui se sont écoulés depuis la libération, mais nous avons également une
multitude de petits partis qui sont libres de faire campagne et de se faire
concurrence. Ces petits partis grandissent à mesure que notre démocratie mûrit.
Donc, avant qu'un seul vote ait été exprimé, les Sud-Africains ont beaucoup à
célébrer. La démocratie est florissante. »
Une économie en berne
En tout cas, « une chose est
sûre, relève Cape Times, cette élection 2019 est un champ de bataille
clé et un test de la perception par les électeurs du résultat des luttes de
gouvernance politique et financière de ces dernières années. Pour beaucoup,
toutefois, reconnaît Cape Times, la situation semble être
proche de l’abandon de l’idéal d’une Afrique du Sud prospère, pacifique et
stable. L’accélération de la corruption au cours de la dernière décennie,
conjuguée à une économie apparemment bloquée en mode limace, a laissé beaucoup
d’électeurs se sentir impuissants. Ajoutez à cela le chômage structurel, les
niveaux élevés de criminalité, les services publics dépassés et les batailles
politiques, et il semble que nous ayons atteint nos limites. »
Vers une remise en question de l’ANC ?
Pour le Mail and
Guardian, l’ANC
devrait toutefois l’emporter une nouvelle fois… Mais une grosse remise en
question s’impose, pointe le site sud-africain : « L’opportunité de
changement réside dans le fait que, malgré la marque de pouvoir de l’ANC et sa
quasi certaine victoire nationale, les citoyens continuent d’exprimer un
profond mécontentement à la fois du parti et de la trajectoire du pays au cours
des deux dernières décennies. Les problèmes sont connus : la pauvreté (47% des
Sud-Africains vivent sous le seuil national de pauvreté de 43 dollars par
mois), l’inégalité des revenus (la plus élevée au monde) et une espérance de
vie en baisse. Tout cela malgré la hausse du PIB. »
Alors, oui, l’ANC va devoir redresser la
barre, s’exclame Le Pays au Burkina. « Si l’on voit Cyril Ramaphosa
faire difficilement pire que son prédécesseur Jacob Zuma à la tête de l’Etat sud-africain,
on est, par contre, fondé à croire que l’ANC a aujourd’hui besoin, pour se
relever, de faire une véritable introspection et une autocritique sans
complaisance. Car, au-delà de la gestion du pouvoir, le véritable défi est
celui de l’amélioration des conditions de vie des populations (…) dans cette
Nation Arc-en-ciel où l’apartheid social et économique semble avoir pris le
relais de l’apartheid racial. »
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